Observations remarquables à l’Etang des Landes

Haut-lieu ornithologique du Limousin, la Réserve Naturelle Nationale de l’Etang des Landes se caractérise par la diversité des espèces présentes. Situé sur l’axe migratoire Nord-Est et Sud-Est emprunté par les oiseaux migrateurs, l’Etang des Landes dispose également d’herbiers aquatiques où les espèces trouvent de quoi se nourrir, se cacher ou nicher. Cet été, plusieurs espèces remarquables ont été observées, confirmant le caractère exceptionnel de ce site préservé.

Légende : Marouette poussin © Fabrice et Laurent DESAGE

Marouette poussin (Zapornia parva) : La Marouette poussin est un petit rallidé, environ de la taille d’un étourneau, qui mène une vie cachée au sein des formations palustres et donc très difficile à observer correctement sur ses lieux de reproduction.
Cet été, trois spécimens ont été observés : un mâle, une femelle et un juvénile. La marouette poussin est classée danger critique sur la liste des espèces nicheuses et disparue en Limousin.
Dans les années 1960, l’Etang des Landes était le seul site de reproduction de l’espèce en Nouvelle-Aquitaine. De petite taille, la marouette est difficile à observer.
En période de reproduction, la Marouette poussin occupe la haute végétation palustre poussant les pieds dans l’eau autour des plans d’eau douce et constituée de grands hélophytes tels que les phragmites, les typhas, les joncs des tonneliers, les glycéries aquatiques, etc.
Elle s’y déplace en prenant appui de ses longs doigts sur la végétation flottante ou couchée. Elle peut nager sur de courtes distances.

Guifettes leucoptères (Chlidonias leucopterus) : Guifette plus rare et plus orientale que la Guifette noire, elle en diffère légèrement par les proportions : bec plus court, pattes plus longues, ailes plus larges et queue à peine échancrée.
La guifette leucoptère niche sur les lacs, les étangs et dans les marais avec végétation riveraine ou flottante fournie.
En dehors de la période de reproduction, elle se tient le plus souvent en mer mais fréquente aussi les lacs plus dégagés, des estuaires et des lagunes. Cet été, deux spécimens ont été observés.

Légende : Guifettes leucoptères © Aurélien AUDEVARD

Sterne caspienne (Hydroprogne caspia) : La Sterne caspienne est la plus grande des sternes. Les deux sexes sont identiques.
En été, les adultes ont le manteau et les ailes gris pâle, plus foncé à l’extérieur des primaires, formant une pointe sombre sous l’aile en vol. La tête est blanche, avec le front, la calotte et la nuque noirs. Le dessous du corps et la queue sont blancs.
Le bec est puissant, pointu, rouge avec le bout noir. Les pattes sont noires.
Les juvéniles sont assez semblables aux adultes en hiver, mais avec des taches foncées d’un bout à l’autre des couvertures sur les ailes, et sur la queue.
La tête a des marques sombres. Les pattes sont rose foncé. La Sterne caspienne est rarement vue en plein océan, elle préfère les eaux protégées.
La reproduction a lieu sur des îles avec de larges plages sablonneuses. Les aires de nourrissage sont plutôt les estuaires, les lacs d’eau douce et les eaux saumâtres, les baies côtières, les plages.

Légende : Sterne caspienne © Aurélien AUDEVARD

Bécasseux de Temminck (Calidris temminckii) : Le Bécasseau de Temminck est un petit bécasseau, environ de la taille du Bécasseau minute.
C’est de ce dernier qu’il faut savoir le distinguer. La tête est d’un brun assez chaud uni, sans le sourcil blanc du "minute".
On note un net plastron strié de brun couvrant la gorge et le haut de la poitrine, contrastant avec le reste bien blanc. Le "minute" a tout aux plus deux ébauches latérales sur fond blanc vers les poignets. Enfin, les pattes sont jaunes, noires chez le "minute".
L’adulte inter-nuptial est plus facile à reconnaître. L’ensemble "tête, plastron, parties supérieures" est d’un brun-gris paraissant uniforme de loin.
Cela, associé aux pattes jaunâtres, est typique. En migration, il s’arrête avec les autres limicoles sur les vasières dégagées, naturelles ou non, où il se nourrit et se repose.
Il préfère de loin les vasières en eaux douces. Il en est de même dans sa vaste zone d’hivernage.

Légende : Bécasseux de Temminck © Aurélien AUDEVARD

Source : oiseaux.net

Comment se déroule un baguage des oiseaux ?
A l’occasion d’une opération de baguage menée en deuxième quinzaine d’août à l’Etang des Landes, 17 bénévoles se sont relayés afin d’étudier la migration des oiseaux et identifier les zones étapes.

Mercredi 28 août, près de la roselière de l’Etang des Landes. Dernier jour de campement pour l’équipe de bénévoles de l’ABOL (Association « Baguage des Oiseaux Sauvages en Limousin ») installée depuis douze jours.
Chaque matin, avant le lever du soleil, les bénévoles installent le matériel qui permet de capturer les oiseaux. Les volatiles pris dans les pièges sont ensuite examinés, pesés, mesurés par les bagueurs agréés, avant de repartir quelques minutes plus tard, avec une jolie bague en métal aux pattes.
Les données récoltées sont ensuite consignées puis transmises au Muséum d’Histoire Naturelle et au Centre de recherche sur la biologie des populations des oiseaux.

Parmi les espèces recensées, des rousserolles effarvattes ou encore des phragmites des joncs, des espèces migratoires nocturnes, expliquant le caractère matinal de l’opération.

Gilles PALLIER est membre de l’association ABOL et bagueur agréé. Pour lui, le but du dispositif est « de montrer que l’Etang des Landes est une étape essentielle sur la voie de migration des oiseaux paludicoles ».
Ce programme de halte migratoire permet en effet de constater la diversité d’origine des oiseaux capturés. Certains venaient des Îles Britanniques, de Pologne et même de Lituanie.
Pour Louis BOULESTEIX, chargé d’études scientifiques au sein de la Réserve Naturelle Nationale et coordinateur de l’opération, cette étude permet aussi de mesurer l’attractivité de la roselière, lieu de capture, sur les oiseaux migrateurs.
En effet, les baguages des oiseaux est défini par un protocole rigoureux, ciblé dans les roselières. « Il nous arrive de recapturer des oiseaux déjà bagués. Dans ce cas, nous reprenons les mesures, notamment la masse graisseuse. Cela permet de voir si la roselière offre ce qu’il faut en nourriture pour les oiseaux », précise le chargé d’études scientifiques.
Gilles Pallier complète : « Parfois, c’est significatif d’un départ en migration. Les oiseaux viennent faire le plein ici avant de repartir. Certains oiseaux ont une fosse claviculaire creuse et rouge quand ils arrivent de migration. Ils n’ont pas assez d’énergie pour repartir, alors ils viennent faire le plein ici. »

Au total, plus de 800 oiseaux sont passés dans les mains des bénévoles durant ces douze jours, dont une vingtaine d’espèces différentes.
Certaines espèces plus rares auront montré le bout de leur bec, telles que la rousserolle verderolle ou encore la locustelle luscinioïde.
Le dispositif sera reconduit l’année prochaine dans les mêmes conditions et permettra sur le long terme, d’avoir des données biométriques bien précises.

Publiée le 15 novembre 2024
 
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